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Paul Collomb Danseuse

LE DESSIN DE PAUL COLLOMB

« Dans la grandeur d’un trait la grandeur d’un regard »

Cet alexandrin est extrait du poème « SANGUINE », écrit voici des années. Le sujet était la sortie de bain d’une jeune rousse, sur une plage de l’Atlantique. A elle seule, nue sur le sable, sous le soleil, elle était un dessin.

En vérité, la jeune fille était prétexte à ce besoin qu’ont les artistes plasticiens de poser leur regard, leur émotion, sur un support, par mines de plomb ou tout autre matériel d’écriture. Ainsi naît le DESSIN, l’une des plus belles expressions de l’art.

Parce qu’il nous donne à voir, l’auteur se trahit, plus exactement se livre, se délivre, à son insu et le dessin qu’il nous présente nous permet de comprendre cet auteur et de découvrir à qui nous avons à faire. Dans le cas de Paul Collomb, évoquons de suite le sérieux du trait d’un auteur qui ne plaisante pas.

On prête à Michel-Ange la réflexion suivante : « Passé quarante ans, tout homme est responsable de son visage ». J’oserais souligner combien l’homme qui dessine en toute sincérité est responsable d’une vision du monde.

Bien entendu, l’homme qui dessine fait choix de ses sujets qui sont de même esprit, issus de ses goûts, et, comme déjà dit, nous mènent à comprendre leur auteur. Dans le cas de Paul Collomb, défile ici une belle suite de personnages, dans leur peu de mouvement mais aussi dans ce que le genre humain a de réfléchi, et dans la façon dont il nous interpelle.

Nous pourrions développer ce que l’auteur d’un dessin nous propose, nous donne à voir et ce que nous en prenons. Par expérience, si l’on veut pleinement « jouir » d’un dessin, cela doit se faire petit à petit, chaque fois que nous avons la chance de le contempler, que nous le découvrons et que nous découvrons tout ce qu’il porte (ce qu’il comporte, ce qu’il apporte). Car, d’une part, un dessin (pas plus qu’un tableau) ne se « confesse » brutalement à celui qui le regarde, mais d’autre part, celui qui regarde un dessin le découvre-t-il lentement pour en saisir toute la sève !

Jaillit ici la question cent fois lâchée : pourquoi diable l’auteur a-t-il placé ici un trait, que voulait-il évoquer ? La réponse n’est pas ailleurs que dans l’œuvre de l’auteur, dans ce qu’il nous offre à contempler, fort de ses émotions et de son savoir tracer.

Cette réflexion en provoque une autre : un dessin est une somme de traits qui, finalement, s’effacent devant le tracé de l’ensemble. Lire un tracé est bien, me semble-t-il : « lire un auteur, et de là, le comprendre ».

Un trait est une preuve d’existence. Un tracé, une marque de personnalité. S’agissant de Paul Collomb, soyons affirmatifs : à lire son tracé nous place devant une œuvre de grande solidité, et même de grande autorité.

La vie, sous « le crayon » de Paul Collomb, est âpre, elle est rigueur. Chaque personnage se présente « soudé à son univers ». La vie de ces gens nous vient de leur milieu parfaitement précisé. Prenons trois exemples parmi d’autres : « Le vieux pêcheur », « La jeune danseuse au repos », « La paysanne avec son panier ». Avec ses personnages, Paul Collomb superbement, consigne des rencontres. Et nous voilà témoins de ces rencontres, de ces moments de vie, qui nous touchent.

Oui, tout auteur est responsable de son tracé. Le tracé définit et précise celui qui nous l’offre. On peut y lire la grandeur, ou non. Du « DESSIN-COLLOMB » qui nous préoccupe, je dirai qu’il engendre une grande assurance et que, d’un dessin à l’autre, se révèle une œuvre très émouvante, vivante, d’un œil qui sait voir !

Claude Pétey

mai 2008

Texte pour le livre « Dessins de Paul Collomb » aux éditions Nanga